On dit que si tu ne t’échoues pas dans l’Intracostal, c’est que tu n’es pas dans l’Intracostal.
Eh bien nous nous sommes échoué, nos amis de la Concha et de Nan Shan aussi.. et on a croisé un voilier échoué toutes voiles dehors à l’entrée de l’Alligator River….
On a passé quelques jours à Elisabeth City en Caroline du Nord afin de prendre une petite pause et aussi parce que les vents ne nous étaient pas vraiment favorables. C’est une petite ville qui n’a rien de remarquable et c’est peut-être pour ça qu’ils se donnent un mal fou pour accueillir les « boaters » comme ils disent. En effet, au « Visitors Center » ils ont, par exemple, un service de navette qui nous amène au Farm Fresh, genre d’épicerie fine et qui nous ramène, tout ça gratuitement…. Ils organisent aussi un pot de bienvenue à chaque 5 voiliers qui arrivent….
Mais bon, la ville elle-même n’a rien d’excitant, donc dès qu’on a pû, nous sommes partis, soit le 29 au matin, de la marina où nous étions, la Lamb’s marina. Une marina à l’image de la Caroline du Nord, un peu crade, un peu « ptite vie ». Il y a des gens qui sont là depuis un an! Ils se sont arrêtés là, plus d’argent pour continuer, ils font de petites jobs pour survivre… tout autour il y a des maisons mobiles un peu déprimantes…. Bref, on ne s’est pas attardés plus qu’il fallait. Mais nos amis, eux, n’ont pas pu sortir avant le lendemain, ils étaient échoués, le niveau d’eau ayant baissé considérablement à cause de changement de direction du vent…il n’y a pas de marée mais lorsque le vent passe du nord au sud, le niveau d’eau de la marina descend ou monte d’un pied, nous, nous sommes sortis de justesse…
Et on était bien contents, on a fait de la belle voile, on avait des vents entre 15 et 27 nœuds, nord et nord ouest, il faisait soleil, on s’est mis Angèle Dubeau et la Piéta à tue tête, super journée…. Et les dauphins que l’on voit de plus en plus souvent…
Ensuite nous sommes arrivés dans l’Alligator River, paysage un peu désolé….
Le lendemain, ancrés dans Goose Creek, nous repartons un peu trop vite… ll fait un gros soleil aveuglant, il fait froid, le GPS n’est pas prêt, il manque de précision, les satellites qui l’alimentent ne sont pas tous placés… bref, Daniel passe sa bouée verte à tribord au lieu d’à babord, et bang, on s’échoue! Rien à faire, on ne bouge plus. Nous sommes en dehors du canal, un gros bateau à moteur s’en vient mais ne veut pas s’arrêter pour nous aider parce que, pas très loin derrière, s’en vient une grosse barge. On les laisse donc passer et Daniel tente de faire giter le bateau à partir du dinghy.Je capote un peu parce que le gouvernail ne bouge pas. Daniel tire sur la drisse de spi, ça gite un peu mais pas suffisamment pour nous faire bouger… Il essaie donc par le nez du bateau, après deux tentatives, ça marche! On sort de là, on est dans le chenail, j’arrête autant que possible le bateau (il y a du courant), Daniel remonte sur le bateau tout en attachant le dinghy, mais il se renverse, le bateau va trop vite, nous perdons notre sac de survie, il faut retourner et le repêcher…. On s’en sort sans trop de perte, juste un câble….
Ça met du piquant mais ce n’était pas nécessaire…
Le 2 novembre, arrivés à Beaufort, nous nous sommes ancrés juste devant la rue principale, parmi un grand nombre de voiliers.
Il faut savoir que Beaufort c’est une coordonnée charnière pour tous ceux qui descendent vers le sud. C’est ici que tu décides si tu passes par la mer ou par l’Intracostal. Par exemple, on a rencontré les gens du voilier Sea Kite qui eux attendent une fenêtre météo favorable pour traverser directement vers Tortola, aux Îles Vierges. Ce qui veut dire aux alentours de 9 jours en mer. Comme il y a encore des ouragans à cette époque de l’année, ils doivent s’assurer d’une bonne fenêtre… Ils ont fait ce choix parce qu’ils ont déjà fait l’Intracostal en 2003 et n’ont pas le goût de le refaire… Et effectivement, c’est beau l’Intracostal mais c’est lent parce que tortueux.
Petite anecdote : en revenant à notre dinghy un gars nous a demandé si on accepterait de le prendre sur notre bateau jusque dans le sud, un pouceux donc… on a dit non, on a le goût de la visite, mais qu’on a choisi!
Et puis nous avons passé une soirée charmante avec l’équipage de Miralo, Serge et Francine. Ils ont un Bénéteau de 40 pieds avec cockpit central, ils l’ont désiré pendant 3 ans ce bateau avant de pouvoir l’acquérir… c’était leur rêve. En passant, le restaurant où nous sommes allés, l’Aqua, nous le recommandons fortement. Tout était délicieux et la présentation des plats, unique. On a fermé le restaurant, je crois qu’ils avaient hâte que l’on parte…
Nous avons repris la route et retrouvés les amis de la Concha et de Nan shan…. Ce matin plein de brouillard, là où nous sommes ancrés, sur un territoire de l’armée américaine. On nous indique dans notre guide qu’il arrive que l’armée bloque les bateaux parce qu’ils font des exercices de tirs d’un bord à l’autre du canal… c’est gentil de nous avertir…