Que syrah II


vendredi 26 novembre 2010

Bilan du capitaine

Première étape:

Nous voici arrives à Palm Beach d’où nous traverserons le Golf Stream pour Port Lucaya aux Bahamas. C’est ici que nous couperons le cordon avec l’Amérique et nos compagnons et amis de voyage, La Concha et Nan Shan. Merci à vous, nous nous sommes toujours sentis épaulés tout au long de notre parcours commun. Merci à Olivier, Véronique, Yves et Francine. Coucou à Laurick, qui nous manquera.

Partis le 20 septembre 2010… Deux mois plus tard, 1700 milles et 315 heures de moteur, voici un bilan de nos expériences acquises lors de nos aventures.

La partie comprise entre la marina Gosselin et New York que je croyais la plus facile puisque je l’ai parcourue plus de 8 fois avant sans soucis, a été, cette fois-ci, la plus pénible du voyage.

Plusieurs surprises désagréables nous ont secoué, dont un départ reporté par une pompe d’alimentation diesel du moteur. Puis le lendemain du départ, nous sommes à Valcourt et la météo nous annonce des vents 20-25 nœuds en fin d’après-midi. Nous partons vers 9 heures par un matin calme pour faire quelques heures avant que le vent soit trop fort. A la hauteur de Schuyler Island, le vent a pris de la force et nous sommes déjà dans 2 pieds de vagues. Nous avançons de plus en plus péniblement et le support avant du mât bouge de plus en plus. Je me dirige donc vers Quaker Smith Nord pour que le bateau demeure face aux vagues et reste stable pour éviter le roulis. Mais lorsque je ne suis plus partiellement protégé des vagues par les Four Brothers Islands, la vague monte à 3 pieds et le vent a encore forci. Je décide d’aller installer des haubans supplémentaires sur le support avant pendant que Chantal maintient le bateau face au vent pour éviter la gîte fatale.

Mais pendant que j’installe les haubans, elle décide de réduire la vitesse pensant que le bateau taperait moins fort pour m’aider à stabiliser le support. Malheureusement en diminuant la vitesse le vent a poussé le nez du bateau vers tribord en accentuant la gîte. J’ai cru un moment que le mât partirait puisque le support se soulève de 3, 4 pouces du pont. Je lui fais signe de donner du gaz et de reprendre son cap, ce qu’elle fit assez rapidement pour reprendre de la stabilité et que je puisse terminer d’installer les haubans. En reprenant la barre, j’entends un crissement de métal qui augmente à mesure qu’on avance. Il nous reste au moins une heure à 4 nœuds pour se rendre à Quaker Smith. Ce sera l’heure la plus longue du voyage!! Le support avant valse toujours un peu à la moindre gite et le crissement de métal que je ne peux identifier clairement lorsque j’ouvre le compartiment moteur mais qu’on entend très bien dans la chambre arrière, me fait croire que le bruit vient de la transmission. Le stress est à son max! Si on perd le moteur , le bateau partira à la dérive et la gîte provoquée par les vagues de 3-4 pieds emportera le mât dans 200 pieds d’eau et notre voyage s’arrêtera définitivement. Finalement on réussit à se rendre à Quaker Smith. J’arrête le moteur et le repart quelques heures plus tard après avoir décompressé un peu. Et voilà l’alternateur crie à tout cassé. Un roulement est défectueux et impossi ble de déplacer le bateau. Nous passerons 12 heures à se faire rouler par la vague avec des craquements de support de mât qui nous glacent à chaque fois que le bateau se fait rouler par une plus grosse vague. Comme on est près de la Shelburne Boatyard, le lendemain, on s’y rendra pour faire réparer l’alternateur.

Malgré le fait qu’à New York, on se soit fait brasser par des vents de 40-60 nœuds et que nous ayons chassé 2 fois, dont une en pleine nuit, rien n’a été aussi difficile que l’épisode du lac Champlain. Tous les petits pépins que nous avons eus, que ce soit par rapport au bateau ou à la navigation, me semblent tellement normaux par rapport à cet évènement.

Le plus beau dans tout cela, c’est que depuis New York, le beau temps s’est mis de la partie et nous avons bénificié d’une très grande et très belle fenêtre météo avec tout au plus 3 jours de pluie pour se rendre à Palm Beach. Soleil et ciel bleu, levers et couchers de soleil magnifiques, faune aquatique riche, pélicans et dauphins nous accompagnent à tous les jours depuis la Caroline. Et maintenant les Bahamas sont presque à nous.

Le Capitaine.